Interview Nicolas Badré Directeur Financier Nexans.
Résultats annuels 2013 et stratégie pour le spécialiste des câbles
Résultats annuels 2013 et stratégie pour le spécialiste des câbles.
L’exercice 2013 s’est soldé par une perte nette de 333 millions d’euros pour le groupe spécialiste des câbles. Comment évolue les marchés sur les principales zones du groupe ? Europe, Asie, Etats-Unis…Les mesures prises par le groupe suffiront-elles ?
Nous parlons de cet exercice et des perspectives avec notre invité : Nicolas Badré Directeur Financier Nexans.
Web TV www.labourseetlavie.com : Nicolas Badré, bonjour. Vous êtes le directeur financier de Nexans. On va revenir avec vous sur votre année 2013, sur les perspectives. Qu’est-ce que vous retenez vous de cette année 2013 ? On peut parler de la perte nette, bien entendu, c’est sans doute ce qui est le plus frappant, mais de ce qui a peut-être changé, je dirais, sur la deuxième partie de l’année ou pas dans votre métier ?
Nicolas Badré, Directeur financier de Nexans : Ce que l’on peut dire, c’est qu’effectivement 2013 a été une année difficile avec un environnement de marché qui a été dégradé, notamment au deuxième semestre, et c’était une des raisons pour lesquelles nous avions fait, une guidance, au mois d’octobre dernier, ce que l’on peut en retenir d’un point de vue strictement financier, vous avez raison, c’est une perte nette importante de 330 millions. Pour information sur les 330 millions, on a 310 millions qui tiennent à des provisions des charges de restructuration de l’impairment. Modulons cet effet, cela reste une perte nette importante. Je retiendrai aussi de l’année 2013 un certain décalage sur certains marchés. Cela a été vrai notamment sur certains marchés nord-américains, mais dans un contexte qui effectivement restait difficile tout au long de l’année en Europe, et encore plus au second semestre, qui restait difficile toute l’année en Australie, et si on peut résumer, on a pour autant quelques secteurs dans lesquels on continue de progresser. On continue de progresser en haute tension sous-marine. Comme on l’avait dit, on continue de progresser en ventes. On a amélioré notre situation de cash, ce qui traduit le fait que nos difficultés opérationnelles sont progressivement résorbées. On peut aussi noter que sur les pays émergents, on est en croissance globalement depuis le deuxième trimestre, et que ceci continue. J’ajouterai aussi qu’en 2013 nous avons eu un certain nombre de changements dans la gouvernance du groupe, l’arrivée d’un nouveau COO en septembre, fin d’été, pour piloter les activités opérationnelles du groupe, a été un point important. Je rappellerai, mais c’est déjà un peu plus ancien, que le conseil d’administration avait constitué un comité stratégique au début de l’année. Je mentionnerai aussi le fait qu’en fin d’année le comité de direction a été élargi à sept personnes alors que l’on était à trois précédemment.
Web TV www.labourseetlavie.com : Donc quelque part il faut être plus réactif dans ces périodes où les marchés restent compliqués peut-être avec un manque de visibilité pour certains d’entre eux ?
Nicolas Badré, Directeur financier de Nexans : Absolument, vous avez raison, la dynamique, c’est d’être réactif et de piloter et de réagir de façon très rapide dans la gouvernance, ça je l’ai mentionné, mais au-delà de la gouvernance, il y a aussi le monitoring des projets. Vous savez que l’on a un portefeuille de ce que l’on appelle nos initiatives stratégiques, en redressement sous-marin, réduction de coûts fixes par des plans de réorganisation, réduction de coûts variables par optimisation industrielle, programmes d’innovation, programmes spécifiques d’initiatives de croissance, tout ceci est aujourd’hui monitoré, excusez-moi l’anglicisme, dans un transformation program office, c’est-à-dire vraiment un pilotage léger, central, mais coordonné, pour essayer d’être le plus réactif possible sur l’ensemble de tous ces projets.
Web TV www.labourseetlavie.com : Quand on parle de vos différents marchés, on pourrait dire que dans certaines économies tout de même on voit de la croissance, donc on pourrait penser que dans votre domaine à vous, les câbles, cela puisse suivre cette croissance-là, qu’est-ce qui est le plus dur aujourd’hui ? C’est la concurrence, ce sont les aspects prix, qu’est-ce qui pèse le plus finalement sur les marchés de Nexans ?
Nicolas Badré, Directeur financier de Nexans : Je dirais qu’il est difficile de voir le marché du câble comme un marché monolithique. C’est un ensemble de marchés. Pour se donner un ordre de grandeur, on parle d’un marché de 120 milliards d’euros de chiffre d’affaires globalement, donc qui est assez fragmenté en fait avec de nombreux acteurs, les plus gros acteurs ont 5 ou 6 % de parts de marché globales, donc c’est très fragmenté, et on a des dynamiques de marchés qui peuvent être assez différentes par type. Nous, dans la manière dont vous nous fonctionnons, c’est que l’on conserve les câbles bâtiment qui sont liés à l’activité de construction résidentielle, commerciale ou industrielle, les câbles d’infrastructure qui sont plus liés justement à l’infrastructure basse, moyenne et haute tension, donc d’équipement d’électricité, infrastructures de télécoms également, et puis on a toute la famille des câbles industriels que vous trouvez dans votre voiture, dans vos chemins de fer, dans un avion, et on comprend bien que les dynamiques peuvent être assez variables. Le but n’est pas d’être le N° 1 dans tous les domaines, ni dans toutes les régions, mais de trouver effectivement des endroits où l’on peut être différenciant, soit par la part de marché, soit par la valeur ajoutée et produite. Donc on a des panoramas assez contrastés de croissance, j’allais dire de façon générale. Notre stratégie c’est effectivement dans la partie bâtiment d’être réactif et d’accompagner ces marchés. On a des dynamiques qui peuvent être différentes. Cette année, c’est le secteur, en 2013 c’est le secteur qui a le plus souffert avec une décroissance organique de l’ordre de 6 %, notamment en Europe et en Amérique du Nord, Amérique du Nord pas tellement parce que le résidentiel aux États-Unis va mal, au contraire il va plutôt bien, mais nous sommes plutôt nous canadiens qu’américains, et au Canada nous avons souffert dans le domaine des câbles pour les sites industriels. En Europe un ralentissement qui avait été senti dès la fin de 2012 et qui s’est poursuivi tout au long de l’année, donc voilà pour la partie bâtiment. A l’inverse, on a des bonnes croissances dans les pays émergents sur ces câbles bâtiment, et puis on a une très forte contraction de l’Australie, donc vous voyez que ce n’est pas… Le câble bâtiment souffre, globalement il est en recul, mais de façon diverse selon les régions.
Web TV www.labourseetlavie.com : Vous avez ce plan effectivement de 2015 que vous avez ajusté, donc c’est compte tenu de ces conditions de marché essentiellement ?
Nicolas Badré, Directeur financier de Nexans : Alors en fait, l’ajustement relève de deux paramètres. Le premier, c’est qu’effectivement l’environnement général des marchés dans lesquels nous opérons a été ralenti ou retardé, en tous les cas dans son développement, ce qui est plus exact comme terme. Et puis nous avons également revu de façon approfondie l’ensemble des initiatives stratégiques que nous avions lancées, notamment à la lumière de ces développements de marché, et c’est cela qui nous conduit à revoir les objectifs de 2015 de façon un peu plus, je dirais, ajustée.
Web TV www.labourseetlavie.com : Du côté de cette année 2014, pour le coup, est-ce qu’il y a des éléments qui vous paraissent tout de même satisfaisants ou sur lesquels vous comptez pour améliorer la situation en 2014, ? Comment vous envisagez déjà vos marchés ?
Nicolas Badré, Directeur financier de Nexans : Non, on n’attend pas de bouleversements de marché, donc, pour le dire simplement, on n’attend pas une révolution des marchés qui, par simple effet volume, nous emmènent vers le haut. Les hypothèses que l’on a communiquées, c’est-à-dire que globalement on pense que sur les deux ans à venir, en moyenne, on sera probablement à des taux de croissance qui sont ceux qui sont globalement attendus du marché du câble, mais encore une fois avec des effets particuliers. On attend une croissance plus forte sur la partie haute tension, sous-marine compte tenu du carnet de commandes actuel, et terrestre compte tenu de l’activité de tendering, donc d’offres en ce moment, également parce que l’on pense qu’une partie des retards que l’on a pu avoir en 2013 sont de nature temporaire, donc on les rattrapera au cours des deux années à venir.
J’ai en tête la partie LAN aux États-Unis. Nous avons changé de partenaire en cours d’année 2013, cela a un impact sur les ventes et sur le profit, mais je dirais que le lancement, enfin l’accélération de ce partenariat devrait avoir des fruits. Voilà ce que l’on peut dire sur les évolutions en termes de croissance de vente. Pour le reste, en termes de croissances des profits, je dirais que c’est le résultat essentiellement de l’ensemble des initiatives stratégiques que nous avons pu mentionner notamment dans les cinq directions que j’ai rappelées tout à l’heure.
Web TV www.labourseetlavie.com : Merci Nicolas Madrid avoir fait le point avec. On rappelle que vous êtes le directeur financier de Nexans.
Nicolas Badré, Directeur financier de Nexans : Je vous remercie. Au revoir.
© www.labourseetlavie.com. Tous droits réservés, le 11 février 2014.