Jean-Christophe Giroux Directeur Général de Manitou.
Interview sur les résultats annuels et les perspectives
Résultats annuels 2010 de Manitou.
Retour avec Jean-Christophe Giroux Directeur Général de Manitou, sur les résultats 2010, l’évolution de la stratégie,
les marchés, et les perspectives du spécialiste des chariots de manutention.
Web TV www.labourseetlavie.com : Jean-Christophe Giroux bonjour, vous êtes le directeur général de Manitou. On va revenir avec vous sur l’exercice 2010 et puis bien entendu les perspectives. Alors on s’était vu dans un autre contexte, il y a plusieurs mois maintenant, un contexte assez difficile où le groupe, eh bien, avait subi le choc de cette crise mondiale, l’année 2010 pour vous comment vous la qualifiez ?
Jean-Christophe Giroux : L’année du rebond. C’est celle où finalement on a arrêté de descendre, on a commencé à se rétablir, un peu comme l’alpiniste qui retrouve un peu ses marques et qui repart vers le chemin de la croissance. Beaucoup de travail a été fait, en interne, en externe, on est content d’avoir réussi à revenir à un niveau d’équilibre opérationnel. Il reste du chemin à faire, mais ceci dit, on rentre à nouveau dans un cycle de croissance qu’on pense durer de quatre à cinq ans, de manière classique et on se met en ordre de marche pour capturer et délivrer cette croissance.
Web TV www.labourseetlavie.com : Du côté du marché lui-même, il en est où en début d’année 2011 ? Il y a encore des restes on va dire entre guillemets « de la crise » ?
Jean-Christophe Giroux : Il y a toujours un petit peu de nervosité chez tous nos clients finaux, parce qu’encore une fois, l’environnement n’est pas bien stabilisé. Le maître mot c’est volatilité, même dans un secteur typiquement stable comme l’agriculture, on a vu qu’avec la variation des cours, des matières premières, des prix il y a toujours beaucoup de nervosité, d’incertitudes, donc les conditions ne sont pas toutes au vert. Mais enfin ceci dit, nous on reprend beaucoup de commandes, on en reprend même un petit peu plus que nécessaire, aujourd’hui on a du mal à les livrer, donc c’est typiquement le début d’un nouveau cycle de croissance. La construction est encore un peu plus timide je pense, les loueurs n’ont pas encore véritablement mis au carré leur plan de reconstitution de flotte, mais c’est sûrement quelque chose qui va nous occuper en 2011.
Web TV www.labourseetlavie.com : Sur le plan industriel entre il y a quelques mois et aujourd’hui, qu’est-ce qui a le plus changé chez Manitou ?
Jean-Christophe Giroux : Je pense la conscience de ce nouveau cycle, et le fait qu’il fallait non pas essayer de recommencer comme avant à courir derrière les affaires et courir derrière les livraisons en permanence, mais aussi, essayer d’anticiper, d’anticiper les réactions, d’anticiper les mouvements, d’anticiper les choses, c’est important pour nos clients, c’est aussi très important pour nos fournisseurs. On est dans une filière industrielle complexe, avec des fournisseurs de rang 1, avec des fournisseurs de rang 2, tous souffrent d’un tissu industriel qui a été abîmé par la crise, donc il faut non seulement se regarder dans les yeux et essayer de faire des bonnes affaires ensemble, mais essayer de se projeter sur l’avenir, et de donner de la visibilité pour essayer justement de lisser au maximum ces effets de sites et cette volatilité.
Web TV www.labourseetlavie.com : Oui. Parce qu’on peut dire sur la question d’approvisionnement, même pour un industriel c’est devenu aussi un facteur clé. Compte tenu de ce qui s’est passé, comment vous faites justement pour essayer de maintenir le bon niveau de ce côté-là ?
Jean-Christophe Giroux : C’est le sujet de tous les jours parce qu’encore une fois, il suffit d’un petit élément sur un chariot pour pas pouvoir le livrer et donc on doit s’assurer de la livraison à temps de tous les éléments constitutifs du chariot et notamment que ce soit en termes de qualité, de coût et de délais. C’est un travail quotidien avec l’ensemble de notre palette fournisseurs, on en a plus de 1000, c’est beaucoup, ça passe aussi par un dialogue soutenu, ça passe par une confiance, ça passe par des relations humaines, ça passe par beaucoup beaucoup de travail quotidien, mais il n’y a pas de mystère, il n’y a que comme ça qu’on arrive justement à stabiliser les choses.
Web TV www.labourseetlavie.com : Alors, quand on parle de Manitou, on parle de ces chariots de manutention. Est-ce que dans la période il y a des innovations ? Il y a des nouveaux produits ? Est-ce que ça peut se faire même en période un peu difficile ?
Jean-Christophe Giroux : Ça n’arrête jamais. Ça n’arrête jamais. On introduit de nouveaux modèles régulièrement qui essayent d’anticiper des tendances du marché, qu’on pense long terme, fondamentales. Il y a une demande en ce moment pour des machines plus compactes, plus compactes ça veut dire plus petites, plus polyvalentes aussi, avec une stratégie d’accessoires de plus en plus importantes pour les différents usages,. Ça c’est un volet de l’innovation. L’innovation en 2010 2011, elle tourne aussi autour beaucoup de nouvelles normes réglementaires sur les motorisations propres. Un gros effort qui nous mobilise ainsi que nos partenaires motoristes, avec des dates qu’il va falloir respecter bien évidemment, et avec toutes les mesures qu’il faut mettre en œuvre entre-temps pour avoir la sécurité, la visibilité, surtout ça, donc beaucoup, beaucoup de travail.
Web TV www.labourseetlavie.com : Année après année, on retrouve toujours les mêmes secteurs qui sont demandeurs ou est-ce qu’il y a de nouveaux secteurs que vous pouvez aborder ?
Jean-Christophe Giroux : Bien évidemment, on reste sur des marchés à dominante agricole, construction, industrie, mais, de plus en plus on constate que ces marchés ne sont pas des blocs monolithiques, ce qu’on savait bien, il n’y a pas grand-chose de commun entre un céréalier, un éleveur, mais on constate aussi qu’il y a des sous marchés qui sont de plus en plus porteurs comme par exemple la polyculture ou peut-être les maraîchers au sein d’un secteur agricole. Donc, encore une fois, des demandes qui sont toujours un petit peu plus fines, et qui nous obligent à un effort de définition de gamme plus fine, avec encore une fois des accessoires. On constate aussi qu’il y a des filières, notamment dans l’environnement ou les industries minières qui représentent des potentiels pour nous très intéressants toujours axés sur nos valeurs fortes, la fiabilité des machines, leur polyvalence, le total « cost of ownership » comme on dit pour les utilisateurs, et ça tous les jours c’est un petit peu plus de business pour nous, sans parler bien évidemment des fameux nouveaux marchés lointains, l’Inde, la Chine, le Brésil, où aujourd’hui c’est l’appel, la pioche, le pic, avec une main-d’œuvre abondante et bon marché, demain inévitablement ça sera des engins de productivité, de sécurité, ça sera pas du jour au lendemain, mais inévitablement faut qu’on se mette en œuvre et en ordre de bataille pour arriver à créer ces marchés là.
Web TV www.labourseetlavie.com : Un mot de la situation financière à la fin de l’année 2010, en ce début d’année 2011. Aujourd’hui elle est stabilisée ?
Jean-Christophe Giroux : Elle est bien stabilisée, absolument. Encore une fois, retour à l’équilibre opérationnel ça c’est une très bonne nouvelle qu’on n’avait imaginé arriver si vite donc on est un peu en avance sur notre plan de redressement financier. Le bilan est lui presque, j’allais dire, en pleine forme, une dette qui a encore baissé, un besoin en fonds de roulement qui a lui aussi baissé, d’environ 14 % alors que l’activité repartait, plutôt de 23, donc un bilan sanguin on va dire, de très bonne qualité pour Manitou aujourd’hui et toutes les conditions pour pouvoir entamer le nouveau cycle de croissance.
Web TV www.labourseetlavie.com : Justement, du côté des perspectives, quels sont aujourd’hui d’abord des priorités pour Manitou ? C’est de profiter de ce nouveau cycle ? D’essayer de l’accompagner ?
Jean-Christophe Giroux : Alors, les priorités, elles sont à la fois de livrer le présent, puisqu’on a un gros carnet de commandes aujourd’hui, on a du mal encore une fois à livrer nos clients à temps dans toutes leurs demandes, donc c’est un gros effort quotidien. Mais en même temps, il y a un travail de réforme un peu plus en profondeur sur le mode de fonctionnement, le mode de pensée, peut-être le mode de relation aussi, d’être plus dans l’anticipation, moins dans la réaction, quelque chose qui n’est pas facile, encore une fois, à faire mais qui est indispensable parce que sinon on va s’étouffer tout seul alors qu’encore une fois les perspectives sont considérables et qu’il ne tient qu’à nous de les réaliser.
Web TV www.labourseetlavie.com : En conclusion, vous dites donc une progression de la marge et de l’activité sur l’année 2011.
Jean-Christophe Giroux : Oui. Un redressement qu’on souhaite à la fois financier pour cette fois-ci délivrer en 2011 un résultat net positif, la promesse en filigrane derrière, si le conseil le décide, d’un nouveau dividende, ce qui serait un signal très fort pour nos petits actionnaires, qui l’attendent et qui, je pense, le méritent après deux ou trois années blanches de ce point de vue là, mais le redressement encore une fois opérationnel avec sous ces chantiers internes pour, à la fois, délivrer cette croissance en même temps qu’on essaiera de la capturer dans les nouveaux usages et dans les nouveaux marchés.
Web TV www.labourseetlavie.com : Merci d’avoir fait le point avec nous Jean-Christophe Giroux. Je rappelle que vous êtes donc le Directeur Général de Manitou.
Jean-Christophe Giroux : Merci encore
© www.labourseetlavie.com 3 mars 2011