Jean-Christophe Giroux Directeur Général Manitou sur les résultats semestriels 2010.
Manitou : les résultats semestriels du spécialiste des engins de manutention

2 septembre 2010 10 h 29 min
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Manitou : Résultats semestriels 2010.

Jean-Christophe Giroux Directeur Général Manitou détaille les résultats semestriels du spécialiste des engins de manutention, après une année 2009 difficile, quelles sont les perspectives ?

Web TV www.labourseetlavie.com : Jean-Christophe Giroux, Directeur Général de Manitou bonjour. On va voir avec vous comment s’est passé le premier semestre et puis les perspectives. Alors on le sait, si on se rappelle de 2009 ça a été une année difficile pour la société avec donc une réorganisation importante sur tous les marchés. Qu’est-ce que vous retenez de ce premier semestre de Manitou ?

 

 

 

Jean-Christophe Giroux, Directeur Général de Manitou: «Je crois qu’il marque la fin des difficultés purement financières et le retour à des difficultés opérationnelles. C’est toujours des difficultés, mais je crois qu’on préfère de loin être dans l’opérationnel que dans le financier. On a donc affiché un bon résultat au premier semestre sans doute un peu supérieur ou en tout cas en avance à nos attentes. Cela nous donne confiance pour la suite et pour une fois ça nous motive pour continuer le travail. »

 

 

 

Web TV www.labourseetlavie.com : On voit effectivement une réduction importante de la dette, c’est plus de 50 %, ça a été rapide, un peu d’explication sur la réactivité de Manitou sur la période?

 

 

 

Jean-Christophe Giroux, Directeur Général de Manitou: « Cela a été remarquable, puisqu’en fait en un an et demi on est passé de 480 millions à moins de 200, et en général les sociétés qui sont confrontées à une brusque chute d’activité mettent toujours un petit peu de temps à attaquer la partie désendettement et en plus certainement pas dans la même ampleur. Chez Manitou, c’est surprenant, mais le chiffre d’affaires a été divisé par deux en 2009, la dette aussi. Et en 2010 sur le premier semestre le chiffre d’affaire est remonté, mais la dette a continué à être divisée par deux. Ce qui nous a permis de faire ça c’est essentiellement un gros travail sur le besoin en fond de roulement, on a déstocké beaucoup, profondément. On a beaucoup aussi travaillé sur le compte client, mais lui, il s’est dégonflé tout seul du fait par définition de la baisse de l’activité ; et puis on a eu aussi un travail de fond sur les financements, les créances des financements des ventes, en 2010 on a eu aussi un redémarrage de l’effet fournisseur qui nous a permis de redescendre à ce niveau là, on est assez content du bilan de santé qu’on propose au 30 juin 2010.»

 

 

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Du côté des marchés, sur vos différents marchés on voit toujours les Etats-Unis où c’est compliqué, compte-tenu de la situation économique. Quels sont les marchés quelque part qui vous ont donné le plus de satisfaction durant le semestre?

 

 

 

Jean-Christophe Giroux, Directeur Général de Manitou: « D’un point de vue vraiment chiffré, c’est les Etats-Unis où le rebond a été le plus net puisqu’on affiche plus de 40 % de croissance par rapport au premier semestre 2009. Ceci dit, les effets sont un peu pervers parce qu’on partait vraiment très bas, donc les pourcentages sont un petit peu trompeurs. Sur des marchés un peu plus stabilisés, encore que je le dise avec beaucoup de précaution, en Europe ou en France les taux de croissance sont de l’ordre de 10 %, c’est plus sans doute en ligne avec ce qu’on a pu vivre sachant que cette croissance c’est très difficile à interpréter, elle représente une croissance des marchés de construction qui eux-mêmes étaient tombés très bas alors que l’agriculture qui s’était bien maintenue au premier semestre 2009, aujourd’hui elle est en retrait par rapport à 2009. Donc, des effets croisés qui sont un peu difficiles à analyser. »

 

 

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Alors, tout ce qui a été fait au niveau de la réorganisation, on voit aussi des nouveaux produits. C’est important dans la période aussi d’être capable malgré le contexte de présenter des innovations, de présenter des produits nouveaux au client?

 

 

 

Jean-Christophe Giroux, Directeur Général de Manitou: « Oui, c’est indispensable. Il y a véritablement le feu sous la marmite qui brûle, on a des équipes qui sont toujours avides de pouvoir mettre de nouveaux produits sur le marché, c’est la caractéristique d’un groupe industriel, c’est quelque chose qu’il faut entretenir, qu’il faut savoir orienter. L’offre produit est aussi quelque chose qui est consubstantielle dans les gènes de Manitou, donc c’est vrai. Ceci étant dit, on soigne bien maintenant nos lancements, on soigne nos idées, on se rend compte qu’on ne peut pas ni tout faire ni tout faire en même temps, donc on est assez contents parce que la nouveauté qu’on a présenté cette année est une machine d’un genre un petit peu nouveau pour nous sur un segment qu’on appelle les machines compactes, des petites machines de 2m par 2m, ça passe partout, ça passe par exemple là puisque dans cet étage quand le bâtiment était en construction la machine aurait pu rentrer, transporter des choses. Donc, c’est un segment assez porteur et on est content de la réception qu’elle a eue. »

 

 

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Vous citez dans la communication effectivement des problèmes d’approvisionnement, c’est vrai que ce sont des choses qu’on avait pas forcément en tête. Alors, est-ce que c’est lié justement au rebond, au fait que pendant cette crise on a vu effectivement qu’il y avait des retards sur la production. Aujourd’hui vous avez des problèmes de ce côté là?

 

 

 

Jean-Christophe Giroux, Directeur Général de Manitou: « Il faut se rappeler que Manitou est un constructeur, comme on dirait un constructeur automobile, mais que dans les faits et la réalité industrielle, on ne produit pas grand-chose, on assemble. Donc, en fait, on dessine des machines et ensuite on va acheter tous les composants chez des fournisseurs, que ce soit les moteurs, les ponts, les pneus les rétroviseurs, les cabines ou les essuie-glaces. On est donc dépendant d’un nombre très important de fournisseurs, plus de 600, et tous ces fournisseurs ont traversé la crise avec des bonheurs variés et des problèmes de temps en temps un peu sérieux, et leur redémarrage est toujours problématique. Malheureusement nous quand on veut mettre une machine en production on a besoin de toutes les pièces pour pouvoir la monter. Si il en manque une, on n’arrive à la livrer, ça fait un client mécontent, ça fait des problèmes, ça fait de la qualité qui est en moins. Donc, on se bat beaucoup pour essayer d’obtenir les bonnes pièces au bon moment et au bon standard de qualité. Rien d’exceptionnel encore une fois, un travail très quotidien, mais qui aujourd’hui on va dire allonge les délais, compliquent un peu les choses, ce n’est pas unique d’ailleurs à Manitou on se rend compte que tous les gens sont dans la même situation, c’est l’économie qui a été très frappée en 2009 et qui souvent a un petit peu de retard au démarrage en 2010. »

 

 

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Sur l’ensemble de l’année 2010, qu’est-ce que vous estimez pouvoir faire justement en terme de croissance ? Vous dites que vous étiez en avance sur ce plan. Est-ce qu’on arrive à l’équilibre effectivement?

 

 

 

M. Jean-Christophe Giroux, Directeur Général de Manitou: « On va s’en rapprocher. On a fait moins 7 millions en résultats opérationnels au premier semestre. Pour faire l’équilibre sur l’année, il faudra faire +7 au second ça me parait un peu ambitieux, mais ceci dit, on va réduire encore un petit peu notre niveau de perte opérationnelle et ce qui est toujours un bon objectif pour motiver encore une fois les équipes. En terme de chiffre d’affaires, on table sur une croissance qui va se situer entre 10 points et 15 points de croissance. Cela peut paraître à la fois très satisfaisant quand on vient des niveaux de décroissance qu’on a connu précédemment ou au contraire très minces parce qu’on est toujours sur des petits montants, nous on voit plutôt le verre à moitié plein, on pense que 15 points de croissance c’est bien. On va essayer de cibler ça aussi pour l’an prochain. Cela invalide aussi certains scénarios qui pensent qu’il y a des reprises en V très rapides qui vont nous ramener immédiatement à des niveaux de 2007 ; ça on n’y croit pas. Malheureusement, il n’y a aucun signal qui conforte ça, ça serait plutôt l’inverse. On pense qu’il va falloir aller chercher la croissance, qu’il va falloir l’organiser, il va falloir retrouver les bons financements les bonnes idées, c’est quelque chose d’un peu nouveau, mais il y a les moyens de le faire et on va donc s’orienter dans cette voie là pour les mois qui viennent. »

 

 

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Vous signalez d’ailleurs un accord pour des financements pour Gehl c’est important de trouver justement ce type de solutions de financement, ça peut devenir une clé aussi sur le plan commercial ?

 

 

 

Jean-Christophe Giroux, Directeur Général de Manitou: « Cela l’a toujours été. Pratiquement toutes les machines sont des machines qui font l’objet d’un financement, mais jusqu’à présent aux Etats-Unis, c’était Gehl qui le faisait on va dire sur son bilan. Donc, Gehl était à la fois le constructeur et le financeur. C’est très pratique parce que finalement on décide, on prend les risques, on les assume. Il y a une forme de confort dans tout cela vis-à-vis des clients, mais par les temps qui courent, je ne pense pas qu’on ait le bilan pour pouvoir se le permettre. Du coup, je préfère travailler avec partenaires dont c’est le métier, qui ont l’infrastructure, le savoir-faire ; de temps en temps aussi un niveau de spécialisation dans certains types de financements qui sont nécessaires pour les clients et que ce soit eux qui finalement assurent le métier du financement pendant que nous on assure le métier du constructeur. »

 

 

 

Web TV www.labourseetlavie.com : En conclusion, il y a beaucoup d’incertitudes, on parlait de ces questions de récession. Est-ce qu’aujourd’hui on peut dire que Manitou est configurée pour faire face, s’il y avait à nouveau une crise s’il y avait à nouveau un ralentissement ?

 

 

 

Jean-Christophe Giroux, Directeur Général de Manitou: « Incontestablement. La crise a été dure pour nous, mais elle nous a aussi amincis et renforcés. Donc, je pense qu’il y a beaucoup moins de gras et beaucoup plus de muscle ; la société a donné la preuve de son adaptabilité, on reste aujourd’hui très prudent dans le dimensionnement de nos frais fixes et de nos moyens, on fait en sorte de remonter progressivement les choses ; surtout on s’impose une nouvelle discipline qui est de devoir gagner de l’argent quelque soit le niveau du chiffre d’affaires. On n’attend pas justement de remonter à un 1,2 milliard ou à 1,3 milliard pour dire formidable, on renoue avec les profits. On veut gagner de l’argent le plus vite possible, ce n’est pas honteux de gagner de l’argent, c’est nécessaire quand on est une société industrielle. C’est aussi la preuve qu’on peut progressivement réinvestir dans les moyens, mais ça veut dire que si, par hasard et pour notre plus grand malheur, il y avait un scénario un peu moins optimiste que celui que je décrivais avec la croissance de 10 à 15 points, et bien on n’aurait aucun problème à revenir à quelque chose un peu plus modeste tout en conservant notre profil. »

 

 

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Merci Jean-Christophe Giroux d’avoir fait le point avec nous, je rappelle que vous êtes le Directeur Général de Manitou.

© www.labourseetlavie.com 2 septembre 2010