Jean-Yves Courtois Pdg Orolia sur les résultats semestriels 2010.
L'interview a été réalisé lors du 7ème Forum Alternext organisé par Gilbert Dupont
Orolia : Vidéo sur les résultats semestriels 2010.
Jean-Yves Courtois Pdg Orolia qui a reçu cette année le “Prix de l’Audace Créatrice” revient sur ce semestre, la stratégie du groupe et les perspectives.
L’interview a été réalisé lors du 7ème Forum Alternext organisé par Gilbert Dupont
Web TV www.labourseetlavie.com : Jean-Yves Courtois, bonjour, vous êtes le Pdg d’Orolia. On va parler avec vous de stratégie et de perspectives. Quand on revient sur vos résultats, effectivement du premier semestre, on voit un changement de dimensions de l’entreprise, ce qui est toujours important, je dirais, en termes de croissance et de stratégie. Comment vous avez vécu ce premier semestre ?
Jean-Yves Courtois Pdg d’Orolia : « Ce premier semestre a été en fort contraste avec l’année 2009 qui a été une année de crise pour tout le monde, pour nous également, dans certains secteurs en tout cas. On a travaillé en 2009 essentiellement à deux choses : d’une part sécuriser le cœur de métier avec des réajustements d’organisation de manière à gagner en efficacité pour faire face à un marché qui serait quand même probablement moins dynamique à l’avenir. Et puis, par ailleurs, on a quand même pris des initiatives de manière à pouvoir étendre le domaine d’activité du groupe, notamment dans le secteur des balises de détresse et des systèmes de géolocalisation. Alors que beaucoup de gens étaient concentrés sur la gestion de trésorerie, nous avions le confort suffisant donné par une situation financière relativement solide qui nous a permis au contraire d’être à l’affut d’opportunités, et on a pu saisir les opportunités, des entreprises qui, elles, avaient certains problèmes financiers. On a pu faire des acquisitions qui ont fortement changé la physionomie du groupe, comme vous le soulignez, et en plus de le faire dans des conditions intéressantes. »
Web TV www.labourseetlavie.com : L’environnement global, il reste incertain. Comment vous le qualifieriez dans votre domaine ? on rappelle, vous êtes spécialistes d’équipements électroniques de haute précision, vous pouvez rentrer dans le détail sur ces différents produits ? mais l’impact du ralentissement, peut-être d’économie de programme aussi, joue ?
Jean-Yves Courtois Pdg d’Orolia : « Si on regarde au niveau vraiment très macro, on peut dire qu’on a vécu ce que la plupart des entreprises ont vécu, c’est-à-dire un premier semestre très dynamique. On l’a vu sur les marchés boursiers, il y a eu une euphorie et le sentiment qu’une reprise dynamique était là à portée de main, donc on a vu effectivement cet effet d’entraînement dans tous les secteurs qui se reflètent dans nos chiffres au premier semestre, mais dont on constate pour certains segments qu’ils allaient peut-être au-delà de la dynamique fondamentale du marché, donc il y a eu des effets de reconstitution de stocks, qui se traduisent dans certains domaines, depuis l’été, par un ralentissement. Donc, il y a toujours de la croissance, en tendance, par rapport à 2009, ça il n’y a pas de doute, mais sur un rythme bien moindre que ce qu’on a pu connaître au premier semestre. Donc ça, c’est vraiment de manière macro, si vous voulez. Ensuite si on regarde dans chacun de nos trois grands métiers, on a une dynamique qui est différente dans le domaine de la navigation, les horloges atomiques et le spatiale, là tout va bien, je dirais, la croissance est forte. Elle est liée, tout simplement, à la poursuite d’un certain nombre de grands programmes aussi bien au niveau navigation avec Galileo notamment, qu’au niveau scientifique avec le programme ACES piloté par le CNES et Astrium. Donc ça, ça se développe bien et ça va nous porter pendant plusieurs années, indépendamment de la conjoncture économique, je dirais. Dans le domaine du timing et de la synchronisation, où 50% de l’activité est lié à la défense, et puis un certain nombre d’autres applications, aux marchés financiers, à la télédiffusion numérique et à des choses de ce genre, on a une activité qui est revenu au-delà de la même période de 2008. Donc 2010 a été en croissance par rapport par rapport à 2008, à l’avant-crise. Donc c’est un signe, quand même, qu’il y a eu un retour à la normale, je dirais. Le seul facteur qu’on peut ajouter pour nuancer cette perspective, c’est que dans les grands programmes de défense qui représentent à peu près 50% de cette activité timing, comme vous le savez, les états cherchent à se désendetter et il peut y avoir pour nous des conséquences en termes d’étalement de programmes. Pas d’annulation, parce que les programmes sur lesquels ont est sont tous prioritaires, mais il peut y avoir un étalement, donc une dilution du potentiel de croissance, si vous voulez. Mais c’est bien orienté. Et puis dans le domaine du positionnement, balises de détresse pour les trois quarts environ, et puis système de géolocalisation pour un quart. Là on peut dire que a moitié de cette activité, liée au monde professionnel, va bien, se développe de manière nominale et a une bonne dynamique ou une stabilité, sur des bases solides. Par contre, dans les domaines qui sont un peu plus exposés au grand public, aviation de tourisme, plaisance, dans le domaine maritime, là on sent depuis l’été, après cet effet de reconstitution de stocks que j’évoquais, dans les canaux de distribution, un ralentissement qui est en fait la traduction que depuis le début de l’année, la dynamique du marché n’est pas si forte que ça, parce qu’on peut le comprendre aisément, les particuliers arbitrent leurs dépenses, et leur bateau et leur avion de tourisme, c’est le poste budgétaire prioritaire pour eux. »
Web TV www.labourseetlavie.com : Justement après ces différentes acquisition, après le… quelles vont être les priorités de la société dans l’environnement que vous venez de décrire, qui n’est pas encore complètement stabilisé ou en tout cas, on retrouve pas partout de la croissance ?
Jean-Yves Courtois Pdg d’Orolia : « Ecoutez, au niveau d’Oriola on a deux grands objectifs simples à formuler, c’est d’essayer de croitre de manière organique à un taux d’environ 10% par an et d’atteindre une rentabilité opérationnelle, un résultat d’exploitation si vous voulez, de l’ordre de 10% également. C’est un petit peu nos métriques magiques sur lesquelles on se cale en permanence. Donc la première chose, déjà, qu’on va faire, c’est de faire tout ce qu’il faut pour que dans notre cœur de métier on arrive à cette performance. On en est pas loin au premier semestre. Il y a encore du travail pour stabiliser tout ça, dans l’environnement incertain d’aujourd’hui, mais ça c’est notre priorité numéro un. Ensuite, à côté de ça, une fois que ça c’est acquis, si vous voulez, et ça doit l’être, on a la volonté de continuer à nous développer et à gagner des parts de marché. Donc ça veut dire qu’on peut être très aussi… conquérants, aussi bien sur le plan géographique que sur des technologies complémentaires à notre portefeuille produit, voire même sur des acquisitions qui nous permettent de renforcer notre cœur de métier et notre position de marché dans le domaine du positionnement, de la navigation ou du timing. »
Web TV www.labourseetlavie.com : Il y a justement dans ce domaine-là des opportunités compte-tenu du contexte, des acteurs qui cherchent peut-être à se vendre ? Quel est l’état du marché ? On sait aussi parfois que les cibles gardent des prix d’avant-crise, donc parfois c’est pas forcément facile de réaliser des acquisitions.
Jean-Yves Courtois Pdg d’Orolia : « C’est vrai, c’est vrai… Par contre quelque chose qui m’a frappé, vraiment, c’est une très, très forte dynamique sur le plan des discussions, on va dire. Le marché MNS s’est réveillé de manière très spectaculaire depuis le début de l’année. Je pense que c’est lié à deux facteurs : un facteur intrinsèque, les gens ont commencé à comprendre que le monde serait plus exactement le même dans les années à venir, et donc il y a quand même un côté réaliste qui est en train de regagner du terrain et donc d’ouvrir des perspectives puisque les gens étaient en attente de savoir comment ça allait se passer. On commence à peu près à se douter que ça va pas être fantastique et on doit se renormaliser autour de ces nouveaux paramètres. Et donc les gens repartent en quête d’acheteurs ou d’acquisitions. Puis je crois qu’Orolia, qui a réalisé six acquisitions depuis son introduction en bourse, commence à être connue comme un acteur acquéreur potentiel dans ce domaine du monde GPS au sens large, et donc on a plus de sollicitations spontanées, également, de la part d’un certain nombre d’acteurs dans le monde entier d’ailleurs, pour éventuellement regarder un dossier. Donc, le fait est que depuis le printemps, on voit beaucoup de dossiers, beaucoup de sociétés prêtes à discuter et donc c’est relativement actif. Maintenant il faut le concrétiser, effectivement, et ce qui peut encore coincer c’est la valorisation de ces entreprises. Ce sont les choses sur lesquelles on est encore en train de travailler, mais je trouve qu’il y a un certain pragmatisme malgré tout. »
Web TV www.labourseetlavie.com : Et du côté d’Orolia il y a la capacité financière aujourd’hui, les moyens financiers pour effectivement réaliser des acquisitions ?
Jean-Yves Courtois Pdg d’Orolia : « Aujourd’hui on a entre 18 et 20 millions d‘euros de trésorerie, donc oui, clairement, on a la capacité à repasser à l’offensive. On a eu en fait, depuis l’origine, cette approche que dès qu’une acquisition était réalisée, on cherchait à se refinancer de manière à pouvoir avoir cette réserve et de donner la garantie aux gens qu’on peut exécuter l’acquisition sans conditions suspensives de financement. C’est quelque chose qui est très, très important pour les vendeurs aujourd’hui, et ça nous met en position de force dans les négociations, de manière générale. »
Web TV www.labourseetlavie.com : En conclusion, pour 2011 ? puisque les investisseurs sont déjà tous positionnés sur 2011 ? est-ce que vous avez une certaine visibilité ? Qu’es-ce que vous dites ? Comment vous voyez les choses évoluer sur 2011 ?
Jean-Yves Courtois Pdg d’Orolia : « Je pense que sur 2011, clairement, la navigation et le timing vont garder une très forte dynamique. On commence à avoir cette visibilité et des bonnes sensations là-dessus, on a pas beaucoup de doutes. Dans le domaine du positionnement, sur les marchés professionnelles, il va y a voir petit-à-petit une reconstitution des fondamentaux mais ça va prendre encore un peu plus de temps, même Eurocopter a annoncé que 2011 serait difficile. Donc au niveau de la vente de nouvelles plateformes, aussi bien maritimes qu’aériennes, ça va pas être si simple que ça, il va falloir un peu plus de temps pour retrouver une vraie dynamique. Mais on pense à une stabilité dans ces domaines professionnelles, une croissance dans les domaines de géolocalisation, qui sont un secteur de développement pour nous, et probablement un marché qui restera difficile au niveau du particulier parce que la conjoncture économique et notamment le niveau de chômage au niveau mondial vont rester élevés. »
Web TV www.labourseetlavie.com : Merci d’avoir fait le point avec nous, Jean-Yves Courtois, on rappelle que vous êtes le Pdg d’Orolia.
Jean-Yves Courtois Pdg d’Orolia : « Merci. »
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