Rik de Nolf Pdg Groupe Roularta : "La course aux nombres de pages vues a ses limites".
Rencontre à l'European Small Cap Event du groupe de presse Belgo-français propriétaire de l'Express
« La course aux nombres de pages vues a ses limites », c’est ce que me dit le Pdg du Groupe Roularta, Rik de Nolf, selon lui le groupe de presse va se développer en accélérant sa diversification.
La Web Tv partenaire de l’European Small Cap Event organisé par CF&B Communicaiton qui s’est tenu à Paris le 7 et le 8 avril.
Web TV www.labourseetlavie.com : Rik de Nolf, bonjour. Vous êtes le Pdg du groupe Roularta, on va parler avec vous de votre année 2013 et des perspectives, vous rencontrez ici des investisseurs. Les investisseurs, ils se sont posés beaucoup de questions sur les groupes médias en se demandant effectivement ce qui se passait avec notamment la digitalisation des médias, Internet et la transformation du modèle, qu’est-ce que vous leur dites par rapport au groupe Roularta ? On a vu que l’année 2013 avait été difficile.
Rik de Nolf, Pdg de Roularta : On leur explique qu’on a préparé le terrain, que 2014 devrait être totalement différent. On a vécu une année avec un PSE en France, donc cela veut dire que on a perdu pas mal de temps. Cela a pris énormément de temps parce que les procédures sont longues et l’opération a été chère aussi, et donc tout cela a été enregistré en 2013. Ce qui veut dire qu’il y avait pas mal d’exceptionnel, donc 2013 a été quand même influencé par la réorganisation, et puis aussi, il y a eu un PSE de nos titres français qui sont presque tous achetés. Donc le résultat d’acquisition que l’on a fait ces 10 dernières années, c’est la différence avec les autres activités du groupe, tous les titres belges, je dirais, ont été créés, les chaînes de télé, les chaînes de radio, ce sont des créations. En France, la plupart de nos activités ce sont des acquisitions, donc cela a été réévalué, donc le résultat est tel que il y avait au total 68 millions d’exceptionnel, en grande partie la nouvelle valorisation de nos titres, donc cela fait -40, donc une année quand même où le résultat net a été influencé de façon assez sérieuse. En ce qui concerne le résultat courant, il était identique à l’année précédente, et surtout le deuxième semestre était déjà nettement meilleur. Donc on est sur la bonne voie, je dirais, mais quand même on vient de vivre une période difficile.
Web TV www.labourseetlavie.com : On a vu, y compris sur les magazines… par exemple les magazines, c’est vrai que l’on avait toujours tendance à penser que c’était plus résistant que par exemple la presse quotidienne, on avait cette résistance de la presse magazine. On a vu que même la presse magazine finalement a été… avait pu être touchée.
Rik de Nolf, Pdg de Roularta : En effet, donc je crois que la baisse de la publicité en ce qui concerne nos titres français, ce sont tous des magazines, c’était plus de 10 %. Heureusement nos magazines sont basés sur l’abonnement en ce qui concerne les lecteurs, il n’y a pas de vrai problème, là c’est plutôt stable. La recette côté lecteur progresse, on a pu augmenter le prix de nos produits et au fur et à mesure aussi le prix de nos abonnements, donc là c’est une question de recettes publicitaires. Heureusement en France nous avons d’autres activités, donc je dirais tout ce que fait L’Etudiant avec à peu près 80 salons, cela se passe bien. On a créé de nouveaux salons, le chiffre d’affaires a augmenté, donc c’est surtout la publicité dans les magazines. En Belgique, les choses se sont stabilisées. À partir de cette année on peut dire que cela reprend, on a même une progression au premier trimestre, ce n’est pas encore le cas en France, donc c’est plus difficile, mais on a restructuré. Donc en 2014 nos coûts sont inférieurs, le résultat du PSE sera autour de 7 millions pour 2014 en France seule. Il y a aussi en Belgique, il n’y a pas eu de grand plan social, mais quand même on a réorganisé, je dirais, au fil de l’eau, et cela aussi, cela donne un bon résultat.
Web TV www.labourseetlavie.com : On voit l’évolution des marchés, je voyais un acteur français dire que finalement sur Internet le rapport… le prix finalement que l’on pouvait obtenir, les revenus sur Internet sont supérieurs à ce que l’on pouvait faire sur l’ancienne « presse écrite », est-ce que vraiment la transformation sur le digital, elle est rentable ?
Rik de Nolf, Pdg de Roularta : C’est devenu rentable après quelques années. Je dirais, nous avons des sites comme L’Etudiant qui sont très performants où on a presque l’exclusivité de tout ce qui est enseignement supérieur, orientation. Donc ça c’est un phénomène particulier. À part cela, il y a les sites news, nous avons 6 millions de lecteurs avec le site L’Express, à côté des 2 millions de visiteurs pour L’Etudiant et à côté d’un million pour Côté Maison, donc ce sont des beaux chiffres, ce sont des volumes sérieux, mais le chiffre d’affaires publicitaires n’est pas comparable au chiffre d’affaires que l’on peut réaliser avec le print. Donc c’est un autre monde, je dirais, mais il y a du progrès, cela évolue bien. Il y a aussi beaucoup d’opérations spéciales. Il y a aussi tout ce qui est lead generation, ce qui est déjà quelque chose de solide en Belgique, et on est en train de développer cela aussi en France. Donc il y a plusieurs pistes. Il y a des contrats d’affiliation, je dirais que c’est devenu tout un monde, mais quand même, en comparaison avec la presse écrite, c’est d’un autre niveau, ce n’est pas vraiment le chiffre d’affaires que l’on peut réaliser avec la presse.
Web TV www.labourseetlavie.com : Donc il faut être… ou alors encore beaucoup plus gros d’après vous, il faut encore être encore plus gros ? On voit ces courses aux pages vues clairement, on voit les grands groupes médias qui affichent « je suis devant, j’ai fait plus 90 %, j’ai fait plus ceci… », on est sur cette course ?
Rik de Nolf, Pdg de Roularta : Oui mais je crois que cela a quand même ses limites. Je crois que pour notre groupe en tout cas, il s’agit plutôt d’évoluer, de diversifier, de développer de nouvelles activités, et le progrès que l’on est en train de réaliser dans le domaine de l’événementiel par exemple est beaucoup plus important. Tout ce que l’on fait dans le domaine des line extensions, c’est plus important. Cette année nous avons organisé des voyages, des croisières, on a affrété des bateaux. Donc on a fait de grosses opérations, mais cela représente des chiffres d’affaires qui sont vraiment solides avec de belles marges. On est devenu spécialiste en produits culturels depuis toujours, mais maintenant on vend du design, on vend du vin, on vend des assurances en Belgique, donc tout cela, cela commence à être plus varié. C’est toujours une question de développer la marque, mais grâce à ce dialogue avec nos lecteurs, je dirais, il y a du potentiel de croissance.
Web TV www.labourseetlavie.com : Quelque part cela veut dire, au final, offrir plus de services à un lecteur qui au départ était venu peut-être lire un article, lire tel ou tel magazine, lui amener beaucoup plus de services ?
Rik de Nolf, Pdg de Roularta : Oui, c’est vrai, dans nos clients abonnés, c’est un habitué de la maison, il nous fait confiance, et grâce au gros volume que l’on peut réaliser, on peut offrir des avantages qui sont assez considérables. Donc nous avons une clientèle fidèle qui apprécie ce genre de proposition. Il faut être créatif tout le temps et inventer, trouver de nouveaux produits, des nouvelles pistes. Nous avons maintenant des équipes qui sont dédiées, une équipe pour tout ce qui est événement, une autre équipe pour tout ce qui est wide extension. C’est devenu important pour un journal.
Web TV www.labourseetlavie.com : Sur l’activité, vous avez également une activité de télé en Belgique, comment justement… elle se stabilise ? Est-ce que l’on retrouve les mêmes problématiques sur la publicité ?
Rik de Nolf, Pdg de Roularta : L’année passée a été même une bonne année parce que le deuxième semestre a été nettement meilleur. En radio, on a encore une fois battu tous les records, donc on ne peut pas se plaindre. Nous avons comme client, enfin comme concurrent, les chaînes publiques et nous avons donc en radio les deux chaînes privées. On représente 50 % du marché publicitaire. En matière de télévision, on représente 70 % du marché publicitaire et notre position est même renforcée depuis l’année passée. Il y a eu un changement du paysage, notre concurrent a été racheté par un trio. On avait pensé que cela allait changer les choses, mais cela a renforcé notre position. Donc pas de problème de ce côté-là. On est en train de diversifier. On vient de lancer une plate-forme pour la distribution de chaînes télé, donc une plate-forme Internet. C’est prometteur, et parallèlement, on a un développement aussi intéressant du côté de Jim Mobile, donc c’est un abonnement télécom où on vend SMS, téléphone, Broadband à nos spectateurs, et on a 600 000 abonnés. Donc il y a des pistes de développement aussi dans ce domaine-là.
Web TV www.labourseetlavie.com : Le mot de la fin, on a vu le groupe Rossel, un groupe belge racheter des titres à Lagardère, est-ce que vous êtes vous dans la croissance organique avec le périmètre actuel que vous avez ou est-ce que vous êtes toujours à l’affût de titres éventuels qui pourraient être cédés par d’autres acteurs ?
Rik de Nolf, Pdg de Roularta : On s’intéresse toujours… Il y a des opportunités, on vient de racheter Bâtir Je rénove, donc que l’on peut fusionner avec notre titre Je construis, Je vais construire en Belgique, donc il y a ce genre de dossiers, mais qui ne sont pas tellement spectaculaires. On est plutôt concentré dans le domaine de la réorganisation. On vient d’arrêter L’Entreprise, de l’intégrer dans L’Expansion. On continue les activités et les services de L’Entreprise sur le site. On vient de fusionner Maison Magazine et Maison Française, donc deux titres qui étaient complémentaires. Je crois que c’est une belle réussite. On a maintenant un très beau nouveau journal avec deux clientèles, je dirais, qui sont plutôt complémentaires, donc on fusionne les portefeuilles d’abonnements et les annonceurs sont de notre domaine, ensemble cela pourrait faire un très bon résultat. Donc on est en train de se concentrer sur ce genre de réorganisation.
Web TV www.labourseetlavie.com : Merci d’avoir fait le point avec nous Erik de Nolf.
Rik de Nolf, Pdg de Roularta : Merci beaucoup.
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