Philippe Salle Pdg Altran : "Le marché est en phase de reprise".
Résultats semestriels 2013/2014 pour le spécialiste du conseil en technologies
Retour sur le semestre du groupe spécialiste de la R&D externalisée en croissance.
Altran sera au rendez-vous de son plan stratégique 2015, c’est ce que me dit Philippe Salle le Pdg d’Altran.
Acquisitions, marchés, secteur, nous abordons la stratégie d’Altran.
Web TV www.labourseetlavie.com : Philippe Salle, bonjour. Vous êtes le Pdg de Altran. On va revenir avec vous sur votre exercice, sur le premier semestre 2014, et puis bien sûr sur les perspectives. On savait que le taux de facturation était plutôt bon pour vous, cela s’est confirmé dans vos résultats ?
Philippe Salle, Pdg d’Altran : Exactement, en fait la confirmation du taux de facturation se fait par l’amélioration de la marge brute. On est arrivé à améliorer la marge brute d’un peu plus de 50 pb. En fait, il y a un effet positif du taux de facturation et un effet légèrement négatif en fait du nombre de jours ouvrés.
Web TV www.labourseetlavie.com : On rappelle que vous êtes spécialiste du conseil en technologies. Le marché lui-même, le marché, en France bien sûr, mais à l’international, il est à quelle étape de son cycle quelque part ?
Philippe Salle, Pdg d’Altran : On dirait que le sentiment économique est meilleur, donc je dirais que le marché est en phase de reprise. On est encore loin d’un haut de cycle par rapport en tout cas ce que l’on a connu en 2007 et 2008. Un marché comme le marché de la R&D sous-traitée, c’est un marché qui croît en général de 4-5 % par an, en haut de cycle, on est plutôt à des croissances entre 6 et 8, ce que l’on avait exactement 2007 ou en 2008. En bas de cycle, on est plutôt à 0+. Là, vous voyez, cette année, on sera plutôt sur une croissance aux alentours de 3-4 %, donc je dirais que l’on est en milieu de cycle. On est sur une phase de reprise en fait suite à l’événement, en tout cas 2009-2010, qui a été aussi très dur pour notre activité.
Web TV www.labourseetlavie.com : Il y avait eu chez vous un plan stratégique, en même temps un certain nombre de restructurations, on en est où justement sur cette organisation ?
Philippe Salle, Pdg d’Altran : Sur le plan stratégique, donc on déroule notre plan depuis 2011. On sera au rendez-vous en 2015 en tout cas. Il y avait trois grands axes en tout cas financiers et puis il y avait bien sûr des axes stratégiques d’abord, le renforcement sur ces pays, l’Asie, etc. Sur le plan financier, on avait dit que l’on toucherait 2 milliards de chiffres d’affaires, que l’on serait sur une rentabilité autour de 11 %, 12 % en haut de cycle mais on ne sera pas en haut de cycle l’année prochaine, et sur un free cash-flow en haut de cycle aux alentours de 4 %. Alors, les 2 milliards de chiffres d’affaires, je dirais que là-dessus on ne sera pas très loin, cela va dépendre encore de nos acquisitions futures qui vont arriver d’ici fin d’année et en début d’année prochaine. J’estime que l’on sera entre 1,9 et 2, peut-être au-dessus de 2, cela va dépendre un peu, je dirais, des tailles d’acquisitions que l’on fera. On sera au rendez-vous par contre sur la rentabilité car on vise toujours 11 % de rentabilité en termes de «EBIT » en tout cas par rapport au chiffre d’affaires. Et nous avons déjà dépassé notre troisième objectif qui était le free cash-flow puisque nous sommes au-dessus aujourd’hui d’un free cash-flow de 4 %. Les plans de restructuration que l’on a initiés début 2013, donc qui étaient suite à un démarrage assez poussif finalement en début d’année dernière, sont tous terminés. Donc on est vraiment dans une phase aujourd’hui où on est, je dirais, en mode classique de gestion où il y en a plus besoin en fait de faire du restructuring pour pousser les feux.
Web TV www.labourseetlavie.com : Alors, il y a plusieurs secteurs bien sûr qui se distinguent toujours. On sait que l’aéronautique, l’automobile, notamment se distinguent. L’automobile, il y a eu une période difficile. On pourrait dire, cette année en France en tout cas, on va parler du Salon de l’automobile, mais ce n’est pas suffisant, l’automobile, vous dites qu’il y a une reprise ?
Philippe Salle, Pdg d’Altran : Oui c’est-à-dire que en fait d’abord il y a, je dirais, une situation très spécifique de certains de nos clients, notamment nos clients français, Renault en 2009 et en tout cas Peugeot en 2012, qui était due aussi au fait que ces sociétés ont été un moment dans une situation de cash qui a été plus tendue, tout simplement, et donc ils ont dû couper certaines prestations. Et c’est vrai que si on veut gagner du cash, on coupe ce que l’on peut, et en général c’est le marketing, c’est notamment toute l’assistance et l’informatique. On sent quand même qu’il y a effectivement un léger mieux sur le marché européen, mais enfin ce n’est pas l’euphorie non plus. Donc on voit bien quand même que les investissements reviennent, c’est le cas en tout cas pour nos deux grands constructeurs nationaux, et donc du coup forcément la R&D commence à suivre et reprend sur une base, je dirais, bien meilleure effectivement que ne l’a été en tout cas 2012.
Web TV www.labourseetlavie.com : L’aéronautique, il y a des plans bien sûr à long terme. Cela fait un moment que l’aéronautique va bien. Est-ce que l’on se prépare à un ralentissement ou est-ce qu’il y a encore suffisamment de matière ?
Philippe Salle, Pdg d’Altran : C’est déjà le cas on fait du ralentissement sur Airbus c’est-à-dire que notre principal client est déjà en décroissance en termes d’ingéniering puisque les grands programmes sont terminés. Donc on est déjà aujourd’hui en fait dans une phase de consolidation sur ce métier, enfin sur ce client-là très précisément. En revanche, dans ce secteur-là, il y a d’autres segments sur lesquels on est en croissance, notamment le secteur de la défense ou le secteur du spatial, le secteur aussi du rail puisque il fait partie de ce segment-là, et aussi on attaque de nouveaux clients. Je pense notamment dans le rail à Bombardier. Je pense aussi à Rolls-Royce ou à Saab par exemple dans l’aéro. Et donc on est en train, je dirais, finalement de contrecarrer la baisse d’Airbus avec d’autres clients internationaux.
Web TV www.labourseetlavie.com : Un secteur qui s’est aussi bien développ é, c’est le secteur de l’énergie. Comment il évolue ?
Philippe Salle, Pdg d’Altran : L’énergie en fait, il y a plusieurs facteurs. D’abord effectivement il y a le fait qu’il y a les énergies renouvelables qui poussent, et c’est vrai qu’Altran travaille bien sûr dans ces énergies renouvelables, que ce soit le solaire ou l’éolien. Il y a le fait aussi que le nucléaire est quand même encore un sujet au niveau mondial. Il y a des pays effectivement qui ont décidé de baisser leur consommation nucléaire comme l’Allemagne, mais il y a d’autres pays comme le Moyen-Orient, comme l’Asie, qui continuent à fabriquer en fait des unités des centrales nucléaires, et donc là nous on est présent dans ces métiers-là et donc on sent toujours évidemment qu’il y a une forte appétence en tout cas sur l’ingénierie. Enfin sur les métiers d’énergie pure, l’oil and gaz, je dirais que, là, il y a une complexité toujours plus grandissante en fait à forer dans des endroits un petit peu plus compliqués sur lesquels effectivement il y a besoin d’ingénierie pour essayer de mieux maîtriser en fait le forage en milieu hostile.
Web TV www.labourseetlavie.com : Est-ce qu’on l’on peut dire aujourd’hui que la R&D externalisée, made in France quelque part, elle est crédible en Allemagne ?
Philippe Salle, Pdg d’Altran : Alors, dans l’ingénierie en tout cas, en tant que de compétences, je pense personnellement que l’Allemagne et la France fabriquent, si je puis me permettre ce mot, les meilleurs ingénieurs au monde. Je pense que l’on a des ingénieurs extrêmement solides, et en même temps, je dirais, le côté français, par rapport en tout cas au côté allemand, donne un petit peu plus de créativité. C’est pour cela d’ailleurs que l’on a de très, très belle start-up dans les métiers du numérique et dans d’autres métiers. Il n’y a pas que le numérique, c’est vrai que le gouvernement en a beaucoup parlé hier, mais c’est vrai qu’aujourd’hui on a un terreau qui est très, très fort. Je pense personnellement justement que le réservoir d’ingénieurs en France est un vrai atout pour notre pays et que l’on est capable, je pense, de pouvoir faire une partie de la R&D mondiale en France parce que nous avons les capacités. Cela demandera simplement, je dirais, de toucher quand même deux variables, le fait quand même que le coût du travail est encore un peu élevé, donc il y a encore à mon avis un peu d’efforts à faire. C’est vrai que le CICE, en tout cas le plan de compétitivité est là, et donc c’est une très bonne chose, et certainement aussi d’améliorer un peu, je dirais, les conditions de travail parce que l’on a quand même encore un marché du travail qui est trop rigide.
Web TV www.labourseetlavie.com : Alors parfois on dit qu’effectivement les ingénieurs vont regarder aux États-Unis ou, compte tenu des rémunérations qu’on va leur proposer, vont partir peut-être, donc ce sera des talents que l’on va voir partir ?
Philippe Salle, Pdg d’Altran : Oui, mais c’est à dire qu’en fait, ce qu’il faut bien comprendre, c’est que c’est vrai dans tous les pays c’est-à-dire que chaque ingénieur de chaque pays regarde aussi un peu… la composante internationale aujourd’hui est très importante c’est-à-dire que quand on fait une école d’ingénieurs, on dit aux jeunes ingénieurs que de toute façon il faut s’exposer à l’international. Donc ils y vont. Mais ces ingénieurs reviennent, donc je pense que ce n’est pas un vrai sujet. C’est vrai que l’on en a quelques-uns qui partent, il y en a aussi d’autres qui reviennent. On a aussi des étrangers qui viennent en France, ce qui fait que les flux sont assez stables. Donc je pense que ce n’est pas un danger en tout cas imminent à court terme.
Web TV www.labourseetlavie.com : Vous parliez de ce plan à moyen terme d’Altran, cela veut dire forcément pour vous accélérer ces acquisitions ? Il y en a eu d’ailleurs un certain nombre déjà sur lesquelles vous avez communiqué. Sur quoi vous vous focalisez ? Quel type d’acquisitions justement vous intéresse ?
Philippe Salle, Pdg d’Altran : Il y a un axe géographique et un axe métier. Donc sur l’axe métier, il y a deux métiers en particulier que l’on regarde. Il y a le métier de ce que l’on appelle le IPD, Innovative Product Development, qui est grosso modo la gestion du cycle produit, du développement de produits, ce que l’on fait à travers notre filiale Cambridge. Donc on part de la feuille blanche jusqu’au prototypage. Et le deuxième, ce que l’on appelle les systèmes intelligents, qui est donc la couche software pour justement travailler dans ce que l’on appelle le « Internet of things », donc tout ce qui est communication d’objets. Ces deux métiers-là sont vraiment nos métiers aujourd’hui sur lesquels on a beaucoup d’emphase. Ensuite, on regarde donc toute société dans ces deux métiers-là, et ensuite il y a quatre pays plus particuliers sur lesquels, je dirais, on est un petit peu plus focalisé, les États-Unis, l’Angleterre, l’Allemagne et l’Inde. Donc, quand on trouve dans ces deux métiers-là et ces quatre pays-là, la vie est belle. C’est ce que l’on a fait avec Foliage, donc on est très content. Mais par exemple l’acquisition que l’on a faite au Benelux avec Tass est dans les systèmes intelligents, mais pas dans les quatre pays que j’ai cités, mais très intéressant pour nous et c’est pour cela que l’on a bougé sur ce dossier-là.
Web TV www.labourseetlavie.com : Merci. On suivra votre actualité. Merci d’avoir été avec nous Philippe Salle.
Philippe Salle, Pdg d’Altran : Merci, bonne journée.
© www.labourseetlavie.com. Tous droits réservés, le 4 septembre 2014.
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